Webinar #7 : Ce qu’il faut vraiment retenir du nouveau règlement européen PPWR sur les emballages

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Le 29 avril 2025, ALLFORPACK EMBALLAGE PARIS a donné le coup d’envoi de sa nouvelle série de webinars avec un sujet brûlant : le Packaging and Packaging Waste Regulation (PPWR), le nouveau règlement européen sur les emballages et les déchets d’emballage. Autour de la table, Claire Dollez animait les échanges avec Lise Nicolas et Enzo Muttini, ingénieurs et cofondateurs de Monsieur et Madame Recyclage, accompagnés de Chantal de Lamotte, directrice du salon ALLFORPACK. Ensemble, ils ont mis en lumière les enjeux du PPWR, ses échéances, ses implications concrètes — et ses nombreuses subtilités.

Le PPWR : un socle commun à l’Europe, mais pas une uniformisation à minima

Adopté en décembre 2024 par le Conseil européen et officiellement publié en janvier 2025, le PPWR s’inscrit dans la continuité de la directive européenne de 1994 et de la directive SUP sur les plastiques à usage unique. Mais à la différence de ces précédents textes, il prend la forme d’un règlement dense de 124 pages, directement applicable dans tous les pays de l’Union européenne. L’ambition est claire : poser un socle commun en matière de réduction, de réemploi et de recyclage des emballages, tout en permettant aux États d’aller plus loin s’ils le souhaitent. « Ce règlement constitue une base minimale. Si un pays a déjà mis en place des normes plus strictes, comme c’est le cas de la France, elles restent applicables », rappelle Lise Nicolas. Cette harmonisation était d’autant plus nécessaire que les disparités entre pays membres freinaient jusqu’ici les stratégies de décarbonation et les innovations durables. Comme le souligne Chantal de Lamotte, « le PPWR répond à un besoin d’unification dans un contexte où l’emballage est au croisement d’enjeux environnementaux, industriels, logistiques et réglementaires. »

Réduction, réemploi, recyclabilité : les trois piliers du PPWR

Le cœur du règlement repose sur les 3Rréduction des emballages, réemploi des contenants et recyclabilité des matériaux – avec des objectifs chiffrés à atteindre d’ici 2030, 2035 et 2040. L’ambition est de réduire les emballages de 5 % en 2030, puis de 10 % en 2035 et de 15 % en 2040, ce qui, en pratique, signifie une division par deux de la quantité d’emballages dans nos poubelles. « Il faut imaginer que notre bac à tri devra contenir moitié moins d’emballages dans quinze ans », illustre Enzo Muttini

Pour ce faire, le règlement impose une écoconception systématique, avec notamment des normes sur la limitation de l’espace vide dans les emballages dès 2028 (50 % maximum) et l’interdiction de nombreux plastiques à usage unique. Fait notable : les arguments marketing ne seront également plus acceptés pour justifier un suremballage.  

Le texte insiste également sur l’importance du réemploi, désormais considéré comme une priorité. À partir de 2030, 10 % des ventes à emporter devront être réalisées avec des emballages réemployables, avec une montée à 40 % pour les boissons d’ici 2040. Ces obligations seront accompagnées de la structuration de filières, avec des opérateurs de réemploi identifiés, des circuits logistiques spécifiques, et un encadrement strict (conformément à l’annexe VI du règlement). 

Sur la partie recyclabilité, une classification harmonisée des emballages (A, B, C, D) sera mise en œuvre, avec des sanctions progressives. Ainsi, les emballages classés D seront interdits dès 2030, tandis que ceux classés C seront progressivement éliminés d’ici 2038. Ce classement prend en compte la capacité réelle de recyclage à l’échelle industrielle, et non plus simplement théorique. « Un emballage n’est recyclable que s’il existe une filière opérationnelle et économiquement viable dans au moins un État membre », précise Lise Nicolas.

Pour aller plus loin : [3R] Le recyclage des emballages vu par CITEO & Coca-Cola France

Matières recyclées, transparence, étiquetage : la nouvelle donne du PPWR

Autre volet essentiel du PPWR : l’obligation d’intégrer des matières recyclées dans la production d’emballages. Cela concerne d’abord les plastiques, avec, par exemple, 35 % de PET recyclé dans les bouteilles dès 2030 et 65 % en 2040. Des extensions aux emballages en aluminium et en verre sont prévues pour 2032, selon les évolutions du marché. Certaines exemptions sont toutefois maintenues, notamment pour les dispositifs médicaux ou les emballages en contact avec des denrées particulièrement sensibles.

La question des bioplastiques est également abordée avec prudence. Le règlement distingue clairement entre biosourcé et biodégradable, et rappelle que la biodégradation n’est pas une solution miracle. « Composter un emballage, c’est le transformer en CO₂ ou en méthane. Deux gaz à effet de serre. Ce n’est pas une stratégie de décarbonation, mais une gestion de fin de vie », explique Enzo Muttini. Le texte limite donc strictement leur usage à quelques cas très spécifiques (sacs de tri, sachets de thé…).

Enfin, la transparence devient un pilier central de la conformité. Dès 2028, les emballages devront afficher un étiquetage harmonisé pour le tri, accompagné d’un QR code ou système équivalent permettant d’accéder à la documentation technique complète. Celle-ci devra mentionner les matériaux utilisés, les taux de recyclabilité, les volumes produits, les certifications et l’historique de conformité. Cette mesure ouvre la porte à une nouvelle forme de régulation, via les ONG, les associations et les consommateurs eux-mêmes, capables de contrôler la conformité à partir d’un simple scan. Comme l’affirme Lise Nicolas, « toute ONG ou collectif zéro déchet pourra demain pointer une incohérence entre les déclarations d’un industriel et la réalité de son emballage. C’est une révolution en termes de transparence ». 

Des sanctions sont prévues à partir de 2027, avec des amendes allant jusqu’à 75 000 euros, et dans certains cas, des peines d’emprisonnement. Mais la dynamique souhaitée reste incitative et responsabilisante, avec un accompagnement par les éco-organismes et des méthodologies d’évaluation validées au niveau européen.

La réglementation du PPWR à suivre de près jusqu’en 2040

Le PPWR n’est pas un texte figé : il évoluera encore via des actes d’exécution, des normes à paraître et des ajustements selon les retours du terrain. Il impose toutefois un calendrier clair, avec des premières obligations dès 2026, et des étapes clés tous les deux à cinq ans. Comme le rappelle Claire Dollez en conclusion de ce webinar : « Ce règlement pose les bases d’une mutation profonde du secteur. Il impose un changement de paradigme, mais ouvre aussi des opportunités d’innovation durable, d’économie circulaire et de compétitivité à l’échelle européenne. » 

👉 Découvrez dès à présent le calendrier de mise en œuvre et des échéances du PPWR

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