Le bois, pilier pour la transition écologique selon les experts ALL4PACK Emballage Paris

L’espace Conférence du salon ALL4PACK Emballage Paris a accueilli le 23 novembre un échange organisé par le Pôle Emballage Bois et intitulé “La matière première bois : Comment sécuriser les approvisionnements pour le secteur de l’emballage“. Les experts présents ont livré leurs analyses concernant l’utilisation du bois dans les emballage légers (cagettes, barquettes…), les palettes et la caisserie en général.

Les invités d’Emmanuel Taillardat : de gauche à droite, Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois ; Florence Lucas, chargée du développement chez PEFC France ; Michael Modugno, vice-président et fondateur en charge du développement durable chez PGS Groupe ; et François de Vivies, co-président du SIEL et dirigeant de COMAS

Avant-propos sur le bois en tant qu’emballage

Les lois AGEC et “Climat et Résilience” poussent les metteurs en marchés à se tourner toujours plus vers des matériaux durables et biosourcés.

Selon Nicolas Douzain-Didier, le bois est une source de matériau polyvalente qui, d’après lui, “coche toutes les cases de l’économie circulaire de par sa recyclabilité ou sa réparabilité, mais pas seulement : elle est renouvelable, et stocke du carbone”. Une singularité plutôt forte de ce matériau, méritant d’être mise en avant au vu de la place importante qu’il occupe dans de nombreux secteurs.

Florence Lucas poursuit en insistant sur la notion de gestion durable des produits bois issus des forêts, qu’elle définit comme l’exploitation de la ressource en bon père de famille. Il est nécessaire, d’une part, de s’assurer du renouvellement des forêts au travers d’un référentiel strict et exigeant comprenant 380 critères, mais également par une certification de chaîne de contrôle aux entreprises. Ainsi, pour qu’un emballage ou un produit puisse être estampillé du label PEFC, il faudra que toutes les parties prenantes à sa fabrication le soient également.

Initialement initié par les producteurs français pour la gestion des forêts françaises, ce label s’est étendu en Europe, jusqu’à devenir mondial en 2006 après l’adhésion du Canada et des Etats-Unis. “Aujourd’hui, notre label est la principale ressource en bois certifiée dans le monde”.

Michael Modugno, quant à lui, met en avant la très grande réemployabilité du bois, notamment dans le secteur de la palette, ce qui rend l’usage de ce dernier plus que pertinent dans l’optique d’une économie circulaire du fait de sa réparabilité.

Francois de Vivies, enfin, évoque le très fort potentiel du bois en tant qu’emballage unique de substitution. Outre le fait d’absorber du carbone, il s’agit d’un matériau naturellement apte au contact alimentaire qui peut facilement être réemployable, notamment pour des produits simples comme les bâtonnets de glace ou encore les touillettes à café. Un gros avantage donc par rapport aux emballages à usage unique de substitution plastique, qui nécessiteront beaucoup plus d’énergie pour être réinjectés.

Un matériau de choix pour la décarbonation de l’économie

A la question de l’approvisionnement, Nicolas Douzain-Didier répond : “Nous sommes globalement chanceux de vivre en France, et par extension, en Europe : l’approvisionnement en France est issu à 70% des forêts françaises, et le reste est assuré par les autres forêts européennes, qui fournissent également un tiers des ressources mondiales en bois. Nous sommes très largement autosuffisants vis-à-vis de cette ressource, qui est très loin de se tarir en Europe car nous plantons plus d’arbres que nous n’en abattons, car la déforestation est interdite dans nos contrées.”

François de Vivies a abordé ensuite la question des essences à privilégier dans le secteur de l’emballage, en vantant principalement les vertus du peuplier, un bois tendre et agréable à travailler sans trop d’apports énergétiques. Et à la question de l’approvisionnement, le président de COMAS répond par une démarche de reforestation systématique, notamment au travers d’initiatives comme “Merci le peuplier“, ou encore d’aides qui permettent de maintenir le cours du peuplier en France.

Même s’il se tourne essentiellement vers des essences plus résineuses, Michael Modugno partage ce point de vue d’une gestion durable de la ressource au travers d’initiatives de préservation, de reforestation, mais également par l’écoconception des produits et des emballages, “afin de n’utiliser que la juste dose de ressources sans la gaspiller”. Il insiste aussi sur la nécessité d’allonger la durée de vie des matériaux bois, notamment dans le secteur de la palette, en l’utilisant ou en la réutilisant consciencieusement. “On peut également utiliser des ressources bois recyclées pour refabriquer des palettes, augmentant ainsi la durée de vie du matériau à l’infini.”

La bonne utilisation du bois en tant que ressource

François de Vivies précise toutefois qu’un emballage alimentaire à usage unique en bois devient impropre pour le conditionnement de nouvelles denrées pour des causes réglementaires et sanitaires. Cependant, il pourra tout à fait être valorisé énergétiquement, comme bois de chauffage par exemple.

Nicolas Douzain-Didier quant à lui parle également d’adapter son produit à la ressource forestière, et pas l’inverse : “La très grande diversité des essences en France rend possible pour les exploitants de s’adapter aux diverses essences en présence”, explique-t-il. Avant de préciser qu’elle leur donne également les moyens d’anticiper les changements climatiques et d’aider la nature à s’y adapter, par exemple en privilégiant certaines essences d’arbres par rapport à d’autres.

Le prix du bois, une donnée à prendre en compte

Outre tous ces aspects positifs, les experts présents constatent unanimement que la ressource bois coûte de plus en plus cher : une explosion des prix qui a été amorcée à la toute base par la pandémie de Covid-19. Selon Nicolas Douzain-Didier, les prix se sont globalement élevés par propagation, notamment par l’augmentation du prix de l’énergie. “Les fortes réserves dont nous disposons font du bois le matériau le plus économique à ce jour.”

Il en va de même pour le secteur palette au niveau des prix : sachant que le prix d’une palette se compose à 70% du prix de la matière première, les augmentations du prix du bois et de l’électricité ont fait évoluer le marché, avec une nécessaire recherche d’équilibre, avec des prix adaptés.

François de Vivies constate cet état de fait pour les emballages légers : la principale différence étant que les emballages légers fonctionnent souvent en cycles courts, avec une incidence sur les volumes replantés, ce qui redonne un peu de marge au secteur.

L’ambition de la filière bois

La filière bois est un acteur de premier ordre en France : elle représente 80 milliards de chiffre d’affaires, ainsi que 15% de l’industrie française. “La nature même de notre matériau s’impose au sein de la transition écologique”, affirme-t-il.

Le label PEFC quant à lui s’impose un outil garantissant au consommateur que l’emballage et le produit acheté proviennent bien de forêts durablement gérées et de sources contrôlées.

“Le bois est le seul matériau capable de répondre efficacement à toutes les problématiques environnementales”, selon Michael Modigno : en prenant l’exemple de la palette, il insiste sur la nécessité pour l’avenir à réutiliser au maximum les ressources en présence, de les réparer et de les réinjecter au mieux dans le système, en limitant de ce fait l’usage unique des matériaux.

François de Vivies conclut quant à lui sur l’importance des producteurs à choisir le meilleur emballage léger, en fonction de ses produits, mais également en fonction des ressources présentes localement afin d’arriver à mettre en place une boucle aussi courte que vertueuse.


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