Le groupe L’Oréal veut contribuer au développement d’une économie circulaire et responsable

Philippe Bonningue, directeur de la division Packaging & Circular Economy Stewardship chez L’Oréal a accepté de répondre à nos questions dans le cadre de sa participation au Comité Pack Expert du salon ALL4PACK Emballage Paris 2022, qui se tiendra à Villepinte en novembre prochain.

Quel est votre rôle chez L’Oréal ?

Après avoir été en charge du Sustainable Packaging & Development depuis 2013 en ayant activement participé à la création de nos programmes Sharing Beauty With All (2013-2020) et L’Oréal For The Future (L4TF 2020-2030), je suis désormais en charge du Packaging & Circular Economy Stewardship, de façon à porter et défendre les positions de L’Oréal au niveau mondial, et promouvoir notre ‘thought-leadership’ dans les domaines du packaging responsable et de l’économie circulaire.

Comment peut-on aujourd’hui produire des produits cosmétiques, et dans le même temps recycler le packaging ? 

Lorsqu’on dessine un emballage cosmétique au service du consommateur, notre première action est d’agir sur l’usage optimisé des ressources nécessaires (matières premières, transport, énergies de conversion, génération de déchets…), d’étudier ensuite l’opportunité d’en faire un objet réemployable ou rechargeable/re-remplissable en prenant en compte les contraintes de protection de la formule cosmétique ou de l’acceptation du consommateur. Et enfin, puisque l’objet deviendra un jour un “produit utilisé”, l’objectif est de le concevoir recyclable afin qu’il devienne une nouvelle matière s’intégrant dans un cycle vertueux d’économie circulaire. Cet ensemble d’actions fait partie de notre process d’Eco-design Packaging depuis 2007, développé autour des ‘3R’ : réduire, remplacer, recycler.

Mais avoir une stratégie ‘3R’ sans vérifier la réalité de l’impact environnemental au cours du processus de conception n’aurait pas été satisfaisant : aussi, 100% des lancements de L’Oréal passent au travers d’ACV multicritères permises grâce à la méthodologie SPOT (Sustainable Product Optimization Tool) développée et déployée dès 2017 par L’Oréal : ainsi, 96% des nouveaux produits ont vu leur profil amélioré en 2021.

Dans le cadre du programme L4TF, nous avons aussi pris trois engagements packaging majeurs : pour commencer, la réduction de 20% de la quantité d’emballage nécessaire au service rendu au consommateur d’ici 2030. Deuxièmement, 100% des plastiques utilisés seront d’origine recyclée ou biosourcée d’ici 2030. Et enfin, 100% des emballages plastiques seront réutilisables, recyclables ou compostables d’ici 2025.

Quelle est votre vision globale sur le futur de la filière packaging ? 

L’emballage est un acteur majeur qui contribue à la performance du produit, à l’expérience du consommateur et à la durabilité de celui-ci. L’aspect clé est que chaque composant de l’emballage ait une “raison d’être”, et que la façon de l’atteindre soit optimisée.

Quelques exemples récents : le lancement du shampooing Solide par Garnier, où l’emballage se réduit à un étui en carton certifié. Ou le parfum re-remplissable d’Armani “My Way” avec sa recharge spécifique (permettant une réduction de 55% de verre et de plus de 60% de plastique, en comparaison à un service identique).

La totale circularité de l’emballage, en amont et en aval, est aujourd’hui un “must have“. Tout comme la coopération, car on ne peut pas réussir seul sur un tel sujet. Pour favoriser le partage et avancer de façon plus forte, nous sommes membres actifs et partenaires de la Fondation Ellen MacArthur et du Consumer Good Forum CGF.

L’Oréal a-t-il développé de nouvelles solutions innovantes dans le domaine du packaging et de l’économie circulaire ? 

L’expérience consommateur, la performance et la durabilité d’un emballage ne peuvent être atteintes sans innovation.

Dès 2021, L’Oréal a lancé le 1er tube cosmétique contenant du carton pour Garnier, La Roche-Posay, Vichy, Biotherm, avec son partenaire Albéa, ce qui permet de réduire de 45 à 70% la part de plastique comparé à un tube classique. 

Dans le domaine du “re-use“, Garnier, La Roche-Posay, Sanoflore, Kiehl’s ont lancé des écorecharges (éco-poches), limitant très fortement la consommation en plastique. En soin de la peau et en maquillage, Lancôme et Valentino ont lancé des gammes ‘rechargeables’ garantissant la parfaite sécurité des produits et un geste facile pour le consommateur. Dans le domaine des parfums, nous pouvons encore une fois citer les recharges Armani (My Way) , ou les fontaines Mugler.

Conformément à notre engagement de circularité et d’utilisation de matière recyclée pour les emballages plastique, L’Oréal a également créé en 2018 le consortium CARBIOS pour promouvoir le recyclage avancé à l’aide d’enzymes pour le PET mis au point par CARBIOS : une véritable innovation qui a permis la production de quelques flacons dès juin 2021 pour Biotherm. De sorte à offrir des procédés de recyclage avancés permettant d’élargir le gisement de déchets à convertir en un nouveau matériau d’emballage, nous sommes aussi partenaires de LOOP®, de Purecycle, LanzaTech et Eastman. Cela est clé, car la pollution par les emballages est un enjeu majeur dont il faut s’occuper pour protéger notre planète.

A titre d’illustration, 21% de tous les plastiques et 67% du PET ont été d’origine ‘recyclée’ pour les consommations de L’Oréal en 2021 : cette belle performance est le fruit d’un travail et d’une motivation acharnés de nos équipes de développement, de packaging et marketing.

Enfin, puisque collecter les déchets est certainement le défi majeur de la décennie à venir, nous participons à mettre en place les EPR/PRO (Extended Producer Responsibility/Producer Responsibility Organization) partout où cela est possible et ce, en étroite collaboration avec nos équipes dans les pays et leur écosystème local.

Qu’apportez-vous à titre personnel ou au nom de L’Oréal au comité Pack Expert ? Que souhaiteriez-vous apporter à l’avenir ?

J’ai eu la chance de participer au lancement de nouveaux produits, en développement et en packaging pour de nombreuses marques de L’Oréal, et sur plusieurs zones géographiques.

La contribution à la création des programmes “Sharing Beauty with All et L4TF pour les domaines du packaging m’a permis d’étudier en détails “ce qui compte” en termes de durabilité et d’empreinte environnementale. Et j’imagine, qu’à mon humble échelle, cette expérience mondiale nourrit les débats et discussions que nous avons au sein du Comité Experts ALL4PACK, et permet de définir au mieux, avec les autres experts du comité, les agendas des journées du salon à venir.

Partager nos ambitions et visions avec les start-up, les acteurs du secteur, notre écosystème élargi est ancré dans l’ADN du groupe L’Oréal. Aussi, les participations aux comités comme ALL4PACK Emballage Paris font partie de notre vision de la collaboration et de la coopération.

A titre d’illustration, après avoir développé notre méthodologie S.P.O.T., nous avons voulu cocréer la méthodologie de l’empreinte packaging cosmétique en cofondant avec Quantis l’initiative S.P.I.C.E. (Sustainable Packaging Initiative for Cosmetics), qui rassemble aujourd’hui plus de 30 acteurs de la cosmétique mondiale.

Que dites-vous de l’initiative du salon ALL4PACK Emballage Paris de lancer sa propre newsroom bilingue avec publications tout au long de l’année ? 

L’échange et le partage sont deux leviers clé du succès lorsqu’on parle de durabilité et d’impact réduit à l’échelle de notre planète.

Cette newsroom, qui favorise la connaissance et l’échange pour tout public, expert et moins connaisseur, est un extraordinaire véhicule, et permettra sans aucun doute d’attirer un maximum de visiteurs et de les satisfaire lors du Salon de 21 à 24 novembre 2022.

Présentation du programme “Sharing Beauty with All”
Présentation du programme “L’Oréal for the Future” – “L4TF”


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