Kareen Debouis est déléguée générale de Carton Ondulé de France. Cette organisation professionnelle représente plus de 70 % des fabricants de carton ondulé, soit 51 usines et environ 8 200 salariés, pour un volume de 2,6 millions de tonnes et un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros. Elle explique pour ALL4PACK Emballage Paris en quoi le carton ondulé est le matériau recyclable par excellence.

Pouvez-vous nous parler de l’importance de l’emballage en carton ondulé dans l’industrie de l’emballage aujourd’hui ?

L’emballage papier carton est leader dans le monde de l’emballage avec une production française d’un peu plus de 3,4 millions de tonnes, soit 29,7% de tous les emballages produits dans l’Hexagone. Au sein de cette famille, le carton ondulé représente plus de 71% des emballages. 

Il est utilisé pour produire essentiellement des emballages industriels et commerciaux, qui sont utilisés dans tous les secteurs d’activités, avec une grosse prédominance du secteur agro-alimentaire (60%)

Comment travaillent les entreprises de Carton Ondulé de France (COF) pour améliorer leurs pratiques d’emballages durables ?

Notre matériau est par essence durable : les emballages en papier carton sont gérés dans une boucle fermée de réutilisation de leur matière : la fibre de cellulose. Les emballages en carton ondulé sont recyclés à plus de 90% et intègrent en moyenne 89% de fibres recyclées. Plus de 9 emballages produits sont triés, collectés et recyclés pour fabriquer de nouveaux emballages. Cela fait de notre matériau un exemple de gestion en économie circulaire !

Les adhérents de COF sont par ailleurs des experts en éco-conception d’emballages pour concevoir des emballages tout en mettant en œuvre le moins de matière possible. Le poids moyen du carton ondulé au mètre carré a ainsi été réduit de 15% en 25 ans. Ils réalisent chaque année plus de 100 000 études d’emballages et mettent leurs compétences à disposition de leurs clients grâce à plus de 450 concepteurs. Ils se basent sur des données issues de dizaines d’années d’expérience dans la réalisation d’emballages, et prennent en compte un ensemble de paramètres techniques, environnementaux ou réglementaires propres aux besoins de leurs clients. C’est ensuite toute une chaîne d’acteurs qui se mobilisent afin de mettre en œuvre une solution sur-mesure et ancrée dans l’économie circulaire. 

Comment voyez-vous l’avenir de l’emballage en carton ondulé ? Comment votre organisation se prépare-t-elle pour répondre aux demandes futures des consommateurs et des entreprises ?

Le carton ondulé, du fait de sa grande résistance, sa légèreté et sa capacité à être recyclé sur tous les territoires est un matériau d’avenir ! Depuis de nombreuses années, les fabricants ont réussi à s’adapter aux différentes demandes de leurs clients.

lls ont développé les prêts à vendre pour prendre en compte les impératifs de mise en linéaire de la grande distribution, les emballages de présentation pour les opérations promotionnelles, les emballages e-commerce, avec leurs contraintes logistiques très spécifiques et, tout récemment, ils proposent des solutions pour le vrac. Le carton ondulé est ainsi la solution pour répondre aux contraintes des emballages face aux exigences environnementales et pour s’adapter aux nouveaux besoins du commerce. En plus, il plaît aux consommateurs, qui le considèrent comme un matériau vertueux. Toutes ces qualités permettent de répondre à nombre de demandes très actuelles.

Quelles sont les solutions mises en œuvre par le COF pour remplacer l’usage du plastique dans les emballages carton ?

Nous faisons, depuis deux ou trois ans, face au challenge de la substitution des emballages plastiques, voulu par nos clients. Le carton ondulé s’avère tout à fait adapté pour proposer des solutions à ceux qui souhaitent entrer dans cette démarche. Les solutions peuvent passer par des emballages 100% carton, par l’application d’un vernis ou par un traitement du carton ondulé avec des produits comme la paraffine. Parfois, une association avec une enduction plastique est cependant encore nécessaire. Nous travaillons à la réduction de ces quantités de plastiques utilisées ou à trouver de nouvelles solutions qui permettront à terme de les substituer complètement. En tout état de cause, la filière prend ses responsabilités quant à ces produits qu’elle fabrique, et s’engage à leur reprise et leur recyclage dans le circuit traditionnel. 

Comment Carton Ondulé de France travaille-t-il avec les régulateurs et les décideurs politiques pour influencer les choix réglementaires en matière d’emballage ?

Nous sommes confrontés depuis quelques années à de nombreux textes réglementaires dans le secteur des emballages qui, s’ils veulent régler de vrais problèmes qu’il ne faut pas nier, vont un peu dans tous les sens et peuvent finalement être contre-productifs. Il est donc nécessaire de travailler avec les législateurs. Mais plutôt qu’influencer, je dirais que notre rôle est d’expliquer. Il s’agit ainsi de démontrer ce qu’est le monde de l’emballage, car de trop nombreuses décisions réglementaires sont prises en regardant uniquement par le prisme de l’emballage ménager, voire uniquement de la bouteille plastique, presque devenue l’emballage à abattre ! Or, il existe plusieurs matériaux, plus de 58% des emballages sont industriels et commerciaux, et la grande variété de systèmes produits/emballages/circuits de distribution rend souvent les problèmes beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît ! 

Réemploi et recyclage sont-ils complémentaires ?

Depuis peu, nous sommes confrontés à une problématique pour notre secteur : alors que depuis de nombreuses années, les filières ont investi dans l’amélioration de la recyclabilité de leurs produits et de l’efficacité des collectes et des systèmes de recyclage, il semble que le législateur fasse de plus en plus le choix de favoriser le réemploi au détriment du recyclage. Or, ces deux méthodes devraient être considérées comme complémentaires : elles permettent toutes les deux d’allonger le temps d’utilisation d’une matière qui a été extraite de la nature, l’une en réutilisant l’objet (réemploi), l’autre en réutilisant la matière constitutive de l’objet (recyclage). Et de nombreuses analyses de cycles de vie ont été réalisées qui ont montré qu’il n’y a pas une méthode systématiquement meilleure que l’autre pour minimiser les impacts environnementaux. Notre travail aujourd’hui consiste à expliquer cette complémentarité.

Comment votre organisation travaille-t-elle avec les parties prenantes pour sensibiliser à l’importance de l’emballage durable et encourager l’adoption de meilleures pratiques d’emballage ?

Nous faisons un travail de sensibilisation de nos adhérents quand des problèmes spécifiques sont identifiés avec les pouvoirs publics, les éco-organismes ou les représentants des secteurs clients. Ceux-ci doivent faire face à de nombreuses obligations réglementaires et nous les accompagnons dans la mise en œuvre de celles-ci si nous sommes sollicités. La filière prend aussi ses responsabilités et teste la recyclabilité des emballages les plus complexes mis sur le marché. C’est un enjeu majeur pour nous : les papiers cartons récupérés constituent notre principale matière première, nous sommes particulièrement vigilants sur la sécurité des approvisionnements tant en quantité qu’en qualité. Il s’agit en effet de ne pas polluer notre boucle.

Nous participons également aux feuilles de route 3R des secteurs clients qui nous sollicitent. Enfin, Carton Ondulé de France fait partie d’un réseau important de structures qui associent secteurs clients, éco-organismes, récupérateurs, consommateurs, ONG, collectivités, etc. qui nous challengent régulièrement sur leurs problématiques.