Pollution plastique : les mesures que les décideurs politiques et entreprises doivent prendre selon l’OCDE

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) analyse dans une étude ce qu’il est nécessaire de mettre en place pour promouvoir le recyclage plastique dans tous les secteurs d’activité économique.

Le monde produit aujourd’hui deux fois plus de déchets plastiques qu’il y a vingt ans, et ils sont en grande partie mis en décharge, incinérés ou rejetés dans l’environnement, seuls 9 % étant effectivement recyclés, constate l’OCDE dans son rapport daté de 2022, les Perspectives mondiales des plastiques. Les mesures prises pour réduire les rejets de plastiques dans l’environnement ne suivent pas la hausse ininterrompue de la quantité de matières plastiques utilisées et jetées. 

L’OCDE a ainsi publié une série de recommandations s’adressant aux acteurs économiques et politiques.

1. Renforcer les incitations économiques pour soutenir les marchés des plastiques recyclés

Le recyclage peut contribuer très notablement à réduire l’empreinte environnementale des plastiques, en favorisant la diminution de la demande de matières primaires équivalentes. Or, les plastiques secondaires, c’est-à-dire les plastiques fabriqués à partir d’articles en plastique hors d’usage recyclés, ne représentent aujourd’hui que 6 % des matières premières utilisées dans le monde pour produire de nouveaux plastiques. Selon les projections, la part de marché des plastiques secondaires devrait doubler à l’horizon 2060.

La réglementation a des répercussions majeures sur l’intérêt économique du recyclage et sur le marché des plastiques secondaires. Les plastiques ne sont recyclés à grande échelle que si l’opération est rentable. Des instruments économiques et réglementaires peuvent garantir l’intérêt économique de la collecte et du recyclage des déchets plastiques. Les incitations au tri à la source jouent en outre un rôle décisif car la qualité du tri détermine la pureté et la valeur des matières recyclées, et par conséquent la rentabilité des opérations de recyclage. 

2. Stimuler l’innovation au service d’un cycle de vie plus circulaire des plastiques 

L’innovation peut être très bénéfique pour l’environnement en réduisant les besoins en matières plastiques primaires, en prolongeant la vie utile des produits et en facilitant le recyclage. Le rapport montre que le nombre de technologies utiles à l’environnement brevetées dans le domaine des plastiques a plus que triplé entre 1990 et 2017.

Néanmoins, seulement 1,2 % des innovations en rapport avec les plastiques présente un intérêt environnemental. L’action publique doit être plus ambitieuse, en conjuguant des investissements dans l’innovation et des interventions destinées à faire progresser la demande de solutions circulaires et à contenir parallèlement la consommation globale de plastiques.

(Source : OCDE)

3. Relever le niveau d’ambition de l’action publique au niveau national

Les politiques publiques sont un levier essentiel pour réduire les conséquences de la production et de l’utilisation de plastiques sur l’environnement, mais l’action publique à l’égard des plastiques est aujourd’hui parcellaire et largement perfectible. Une feuille de route est proposée aux pays pour faire baisser les rejets de macroplastiques.

Elle prévoit trois phases de plus en plus ambitieuses :

  • Fermer les voies de rejet.
  • Créer des incitations au recyclage et améliorer le tri à la source.
  • Freiner la demande et optimiser la conception pour rendre les chaînes de valeur des matières plastiques plus circulaires, et les prix des plastiques recyclés plus compétitifs.

Alors que, dans le scénario de référence, l’utilisation mondiale de plastiques, de déchets et les dommages environnementaux liés devrait augmenter d’ici 2060, des politiques appropriées et ambitieuses peuvent considérablement réduire les dommages environnementaux futurs et, en particulier, les rejets de plastique dans l’environnement. Le niveau d’ambition des politiques et de l’engagement international déterminera la mesure dans laquelle la pollution plastique sera réduite.

Les Perspectives mondiales des plastiques comparent deux scénarios d’action avec différents niveaux de rigueur. Le scénario d’Action régionale reflète un engagement différencié selon les régions, où les mesures sont plus ambitieuses dans les pays membres de l’OCDE que dans les pays non membres. Le scénario d’Ambition mondiale porte sur un ensemble de mesures très rigoureuses destinées à réduire les rejets mondiaux de plastiques à un niveau proche de zéro à l’horizon 2060.

4. Renforcer la coopération internationale pour rendre les chaînes de valeur des matières plastiques plus circulaires et ramener à zéro les rejets nets de plastiques 

Sachant que les plastiques entrent dans les chaînes de valeur mondiales et font l’objet d’échanges internationaux, un alignement des approches en matière de conception et des réglementations relatives aux substances chimiques des différents pays est fondamental. Alors qu’une mauvaise gestion des déchets reste très répandue, en particulier dans les pays en développement, il faut investir massivement dans les infrastructures élémentaires de gestion de ces déchets.

L’aide publique au développement (APD) peut contribuer à accélérer les investissements. La part de l’APD ciblant expressément les plastiques reste cependant marginale dans le total des dépenses de l’APD, puisqu’elle a représenté seulement 0,2 % des engagements bruts durant la période 2017-19. De plus, les budgets disponibles représentent seulement une fraction des besoins totaux de financement.

En dehors de l’APD, d’autres sources de financement devront être mobilisées pour assurer des moyens financiers adéquats et pérennes. Le soutien international et l’impulsion politique donnée au niveau local seront essentiels pour faciliter les investissements et les structures de gouvernance.


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