Quand emballages réemployables riment avec révolution durable
Les emballages réemployables se sont inscrits dans les circuits de distribution. Les metteurs en marché en font dorénavant une pratique courante.
L’heure est à la prise de conscience de l’impact environnemental et au recyclage ; les matériaux évoluent, et de nouvelles solutions sont imaginées et expérimentées dans chaque région de France. Principalement à l’initiative de startups ou associations locales, mais aussi grâce à quelques industriels qui se lancent dans le réemploi des emballages.
Cadre règlementaire autour des emballages réemployables
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) a sollicité les sociétés agréées pour la gestion des déchets d’emballages ménagers, notamment dans le but de définir des gammes standards d’emballages réemployables pour les secteurs de la restauration, les produits frais et les boissons.
L’éco-organisme Citéo a pris le dossier en main et a rapidement fait bouger le secteur face aux échéances courtes pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par la réglementation.
Organisée par l’Espace Conférences du salon ALL4PACK Emballage Paris 2022, une table ronde a réuni plusieurs experts en la matière : Sophie Nguyen Buu Cuong, représentante Citeo, Philippe Reutenauer de la société Léa Nature, Hugues Pelletier fondateur de Petrel, et Emmanuel Auberger d’Uzaje. Ils ont échangé sur les avancées et les perspectives d’avenir du réemploi en France.
Sophie Nguyen Buu Cuong, Responsable Développement des solutions pour le réemploi et le vrac chez Citeo, rappelait d’entrée de jeu : “Les éco-organismes sont mis à contribution, c’est une configuration intéressante […] et une spécificité francaise”.
En parallèle, l’Allemagne est très souvent citée en exemple pour le réemploi des emballages à grande échelle, qui touche principalement les boissons et liquides – sans l’intervention et la contribution des collectivités, et éco-organismes.
Un soutien et une participation active inscrite dans le cadre réglementaire français, et particulière à notre consensus national.
Avant de poursuivre au sujet du rôle de Citeo : “L’une de nos missions est d’apporter une solution opérationnelle avec la définition de gammes d’emballages standardisés”.
A savoir, en terme d’application terrain : faciliter l’accès au réemploi des industriels, réduire les distances parcourues, favoriser les boucles locales pour parvenir à réaliser des économies d’échelle de longue portée, d’ordre financières et environnementales.
A titre d’exemple concret, imbriqué dans le quotidien des Français, on peut citer les vélos en partage. Un type d’outil standardisé, disponible où que vous soyez, réemployable à volonté et à durée de vie relativement indéterminée.
Enfin, la Responsable Développement a mis l’accent sur le rôle de Citeo en tant qu’accompagnant, conseiller et financeur. Sachant que les éco-organismes doivent dédier – selon les réglementations en vigueur – 5% de leur chiffre d’affaires annuel au soutien de projets qui gravitent autour du réemploi et des emballages réemployables.
Enseignes et éco-organismes favorables au partage et aux emballages réemployables
De son côté, Philippe Reutenauer, consultant stratégie emballages écologiques pour la société Léa Nature, évoque la notion de partage pour pallier la crise des matériaux. “Le réemploi, c’est le futur de l’emballage. Pas de doutes sur ce sujet-là.”
Pour éviter l’épuisement des ressources, les enseignes et les éco-organismes mettent en place des solutions innovantes, orientées vers le recours aux emballages réemployables, et recyclés.
5% d’emballages réemployés dès 2023, 10% dès 2027 : telle est la loi, et l’attente du gouvernement.
Sophie Nguyen Buu Cuong soulignait à cette occasion la différence subtile, mais majeure, entre emballages réemployables et réemployés :
- “Un emballage réemployable a le potentiel d’être réemployé. C’est-à-dire qu’il été conçu de manière à être conforme à plusieurs boucles de réemploi”.
Une boucle de réemploi se définit par plusieurs mises à l’emploi sur les lignes de conditionnement industriel. Et plusieurs boucles sur l’ensemble de la chaîne : du lavage au transport, jusqu’à la consommation.
- “Un emballage réemployé, c’est un emballage qui a déjà fait au moins une rotation avant d’être mis sur le marché, avant d’être utilisé par l’industriel.
Donc un emballage réemployé, c’est un emballage qui n’est pas neuf, et c’est ça que le gouvernement va suivre : les 10% d’emballages (d’ici 2027), c’est bien de l’emballage réemployé.”
Il s’agit ici d’emballages ménagers majoritairement – mais également industriels, et commerciaux.
Parmi les matériaux ménagers envisagés en premier recours, comme “bon client” aux emballages réemployables :
– Les matériaux verts. Quasiment validés d’office pour le réemploi.
Les matériaux alternatifs “green” remplissent toutes les exigences essentielles de l’emballage, avec une conformité à l’utilisation plurielle.
– Les plastiques. Notamment le PET (pour les bouteilles), mais également différents plastiques et résines, comme le copolyester (tritan) ou le PP (le polypropilène, typique de nos boîtes Tupperware).
– L’inox. Très répandu dans les restaurations collectives – mais financièrement plus sujet aux dépassements de budgets.
– Le verre. Une option déjà en cours d’expansion. Un matériau très intéressant pour le réemploi, bien que cassant.
Emmanuel Auberger, président de la société Uzaje, représente une société qui participe au lavage, du verre ou de l’inox, avant de réintégrer ces matériaux dans la boucle des cantines scolaires et de la restauration, grâce à deux centres opérationnels en France, qui lavent chaque jour les matériaux pour mieux les réemployer.
Sans oublier de souligner que les secteurs de l’alimentaire, la restauration, les cantines, soulèvent des questions de température, sécurité, etc. qui nécessitent un panel de solutions d’emballages réemployables assez larges, pour couvrir la variété des besoins.
Les boucles de réemploi, moteur des emballages réemployables
Hugues Pelletier, fondateur de Petrel, s’exprimait à son tour au sujet de son implication dans l’économie circulaire :
“Nous sommes des créateurs de boucles de réemploi […], sur la partie ingénierie, et en terme de suivi opérationnel”. Avant d’ajouter qu‘initier une boucle de réemploi implique de partir des besoins des consommateurs, puis réfléchir aux emballages primaires ou secondaires – mais aussi à la commercialisation (B2B ou B2C), la distribution et le vrac, la collecte, le lavage et enfin, le réemploi.
Les différents enjeux sont évalués en terme de région, soit une variable de la problématiques du couple produit-emballage.
Avec, pour mission principale pour la société Petrel, d’agir comme organisateur et opérateur de suivi longue durée des flux logistiques et financiers, et du bilan environnemental associé.
Pierre-Jean Cavaroc, expert emballage SGS France, présentait SGS comme une société internationale pour la certification et les tests, menée par l’ambition d’uniformiser les pratiques dans le monde. “On développe des protocoles […] qui permettent de s’assurer de la conformité des emballages réemployables”.
Avec, pour objectif, de travailler conjointement avec toutes les parties prenantes : fabricants, industriels, centres de lavage et laboratoires d’essais.
La responsable du réemploi et vrac chez Citeo rappelait à ce sujet que l’objectif vise à apporter une solution à chaque type de produit – y compris, ceux qui exigent la présence de films plastiques à usage unique, par exemple.
Une réalité sur la mise en application des exigences de la boucle du réemploi, qui permet de mieux intégrer le défi que représentent les exigences réglementaires en terme d’emballages réemployables, et réemployés.
Production, distribution, commercialisation, vrac, recyclage, collecte, lavage et réemploi : autant d’étapes de la chaîne, dont l’engagement pro-environnemental se révèle indispensable à la pérennité du réemploi des emballages.
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